JEUX ET EXERCICES PHYSIQUES MEDIEVAUX :

LA CHEVALERIE :

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I – LA PASSION POUR LES JEUX PHYSIQUES :

JUSSERAND est un des premiers à s’intéresser aux pratiques médiévales. Le Moyen Age n’a pas ignoré les cultures physiques, car les conditions de vie dure imposaient une condition physique bonne. C’est donc le contexte à l’époque qui impose les pratiques physiques.

A l’époque, on ne parle pas d’exercice mais d’exercité, ce qui veut dire débattement. Les exercices physiques se posent en tant que débattement. De plus on y trouve une notion de socialité (regroupement des hommes et des femmes et la notion de nécessité de se développer physiquement). Il y a l’idée que le sport se fait dans le milieu naturel de l’homme, c’est-à-dire la nature, les forêts, … Les premières activités sont la course, le saut, la lutte et pour les bourgeois les exercices de bain, les différents types de chasse (à court, de faucon). Toutes ces pratiques sont regroupées dans le terme d’exercité. On y trouve aussi les lancés de pierre, puis les danses.

Pourquoi ces exercices ? Ils sont là pour lutter contre l’ennui et la peur (regroupement pour diminuer la peur). Il se développe l’idée qu’on peut aussi se développer corporellement. En effet l’enfant est considéré très faible et doit devenir fort pour lutter contre les violences. Ils doivent même devenir forts avant d’être cultivé. On associe donc à l’exercice physique une notion de sécurité et de fortification des corps.

En Angleterre, à la fin du XIIIème siècle, sur 1000 naissances 14 % vivent jusqu’à 60 ans, 8 % vivent jusqu’à 65 ans, 5 % vivent jusqu’à 70 ans, 3 % vivent jusqu’à 75 ans et 0.8 % vivent jusqu’à 80 ans.

On a donc une élimination massive de la population dans les premières années de la vie : 35 % mourraient avant 20 ans. De plus les accouchements faisaient plus de mort que les batailles. Il y a en effet une surmortalité infantile et féminine, ce qui est une cause de la limitation de l’essor démographique en France. La déchéance va venir de la perte des capacités physiques et de combattre. Du coup il n’y a pas de limite d’age pour être guerrier.

A l’époque les rois avaient aussi la passion de ces jeux violents, tels que les tournois (ex : La cours d’Henri II dans les années 1550). L’éducation physique y était quotidienne et ils pratiquaient régulièrement la chasse, la paume, la course, l’escrime, l’équitation, le tir à l’arc et à l’arbalète, le patinage sur glace et les tournois et les joutes. Ces jeux étaient fondés sur l’argumentation et le roi jouait le rôle d’arbitre.

II – ASPECTS DE LA FEODALITE :

On va voir se développer une organisation particulière, qui va nous aider à comprendre la chevalerie. La féodalité est liée à la décadence de l’Etat carolingien. Et la paysannerie va être exploiter par l’aristocratie et cela dans le cadre des seigneuries. L’autorité centrale du roi va disparaître et les structures de l’Etat sont inférieures à celles de la seigneurie. Le roi va ainsi vouloir une allégeance de la part des seigneurs. Ainsi se mettent en place les fiefs, les seigneurs et les engagements vassaliques (système d’allégeance pyramidal). La féodalité est un système d’obligation, dont on ne peut se défaire et la décentralisation. Tout ceci est une caractéristique de l’occident médiéval et va jusqu’à la mort (on ne peut pas s’en dégager). Les aristocrates sont liés les uns aux autres. Il y a donc un réseau de dévouements plus que d’obligation publique.

III – LES JEUX D’EXERCICE :

Le Moyen Age n’a pas ignoré les jeux de ballon que se soit par les aristocrates ou les cerfs. Ils ne sont pas la propriété d’une classe et ne suppose que d’avoir les moyens d’acheter les équipements et de les faire.

3-1 : LE JEU DE PAUME :

Le jeu de paume n’est pas un jeu d’origine militaire, qui connaît son apogée entre le XVème et le XVIIème siècle. I a été une véritable passion pour tous. Pour les aristocrates, le jeu de paume est un moyen d’assurer l’éducation des jeunes. C’est en effet un entraînement physique qui n’est pas uniquement militaire et tourné vers la guerre. Il fait l’objet de traités, qui globalement montre l’intérêt des aristocrates à le pratiquer, car selon eux « il favorise autant le développement du corps que de l’esprit ». Il est donc véritablement considéré comme un moyen d’éducation complet et non une préparation à la guerre.

Pour le peuple et la paysannerie, c’est un moyen de développer sa force. Initialement il se pratique dehors et le plus souvent avec un filet ; avec la main ou un gant un cuire. Ensuite on va y jouer en sale de façon à pouvoir y jouer par tous les temps.

Plus ce jeu va être organisé et plus le matériel va être spécialisé et les personnes qui le font vont être considérées comme des spécialistes. A Paris en 1292, il y a 13 paumiers, alors qu’il y avait que 8 librairies. Il va développer une économie spécifique. Cette fabrication nécessite le travail du cuire entre autres. Il existait aussi les raquettiers qui faisaient les raquettes ou les battoires, dont les formes et les tailles n’étaient pas fixées. Mais tout ça était cher, ce qui favorisait donc la bourgeoisie (le développement de ces jeux fait concurrence à l’Eglise). C’était organisé par les maîtres paumiers, qui vont ensuite être assistés par un compagnon, qui est le seul à intervenir sur le compte des points. Celui va aussi proposer aux joueurs des tenus, des instruments, un vestiaire, … L’organisation est donc directement mêlée à l’économie. Ceci entraîne le fait que l’Etat veut contrôler les jeux. Il y a dons apparition d’impôts. Ils fiscalisent aussi les entrées et les recettes. On va ensuite limiter le nombre de salles de jeu pour pouvoir les contrôler pour éviter le désordre.

En 1612, Louis XII limite le nombre de salles de jeu de paume à 10 à Paris. Mais en faite en 1657, il existait 114 salles. A cette période le jeu de paume va décliner, car les interdictions empêchent les organisateurs de gagner de l’argent (ils vont s’intéresser au billard). Ce jeu a donc été un divertissement mais aussi une activité prospère sur le plan commercial. Il a aussi permis le développement d’un tissu urbain, qui est nouveau (apparition de nouveaux bâtiments réservés aux activités physiques). Il a donc une fonction sociale très importante. Cette passion a fait naître de nouvelles interrogations intellectuelles.

On entame une réflexion avec ces jeux médiévaux sur la rupture et de la continuité. Il y a deux hypothèses :

·        Il existe deux réalités sociales et ludiques différentes.

·        L’une a donné l’autre.

La première hypothèse est plus vraisemblable, car les contextes sont trop différents (mentalité, communication). Les éléments de vie sont différents. L’hypothèse de la continuité des jeux est trop fragile. Ceci est vrai pour le jeu de paume, la Soule et donc pour le sport en général.

3-2 : LA SOULE :

La Soule est assez proche du rugby Elle est attestée dès 1380 dans la littérature. Elle était pratiquée pendant le carême surtout en Normandie souvent près d’une église ou d’une abbéïe. Il était organisé annuellement.

Il ne se rencontre pas dans toute la France. Il était très violent. Des coups, des insultes, des bagarres collectives sont courantes pendant le jeu (traces écrites = lettres de rémissions). Cela peut aller jusqu’à la mort d’un joueur. Ce jeu est donc d’une rare violence et est pratiqué jusqu’à la Révolution.

Ce jeu n’a pas d’origine réellement connue. Toutes les lettres de remissions renvoient à des pratiques antérieures. Par contre, L’espace n’a pas de délimitations précises et le terrain est assez grand. Les joueurs sont rustres et ils sont réunis pour jouer et pour boire. Il s’agit donc d’un divertissement festif. De même le mot « Soule » a différentes étymologies :

·        « Sull » en irlandais veut dire mêlée.

·        « Soléa » en latin veut dire la sandale.

·        « Solere » en latin veut dire avoir l’habitude.

·        En référence au lieu ou ça se jouait : « Soles » : la division des sols.

·        « Héaul » en celte veut dire soleil.

Il est probable que ces jeux sont d’origines variées. On voit aussi apparaître ce jeu en Ile de France, en Poitou, en Auvergne, …Ailleurs il n’y a pas de preuve de l’existence de la Soule. Dans certaines régions des aristocrates ont pratiqué la Soule, mais ils étaient globalement des spectateurs. Ils étaient plus prisés par les « petits gens » à la campagne et notamment chez les laboureurs.

L’organisation était basée sut le réunion d’une dizaine de joueurs (nombre pas fixe). Il y a une indétermination sur l’age des pratiquants, mais il s’agissait probablement d’adolescents et de jeunes adultes. Ce jeu faisait partie d’un village et d’une paroisse et souvent c’était deux villages qui s’affrontaient. Ils faisaient aussi des équipes en fonction des catégories sociales. Une fois intégrée dans une équipe, on n’en change plus. Tous les adversaires sont connus. Il semblerait qu’il y ait toujours eu l’insertion de joueurs étrangers (pas de rencontre Paris – Normandie par exemple). Les joueurs ne circulaient pas et les rencontres étaient donc locales.

L’espace privilégié est la rase campagne, et rarement en ville. Plus on avance vers la Révolution et plus l’espace était aménagé. Ce jeu va être associé au nom d’une ville. On parle de toponymie.

Ce jeu pouvait être organisé entre mi-décembre et l’épiphanie. Il était en effet associé au carême. La période de la pratique était liée à la religion et donc le jeu en lui-même est en rapport. Selon MEHL, la Soule semble être attachée fortement à des dates du rituel catholique.

L’objet « la soule » est un ballon rempli de grain et recouvert de peau. Cet objet semble être un perfectionnement. Il a été aussi pratiqué avec des bouts de bois ou des canards et des poulets. On y associait parfois aussi des croisés, ou des cannes de billard, ou des battons.

Le règlement était simple puisque tous les coups étaient tolérés. Il n’y avait pas en effet de liste de gestes autorisés ou de gestes interdits. Le but du jeu était de s’emparer du ballon à la main ou au pied, ou encore avec une crosse, puis de la conserver et de l’amener derrière la ligne de l’adversaire.

C’était un jeu collectif, mais il a vite été valorisé par rapport aux exploits individuels, car il y avait une récompense pour le meilleur joueur. Ce jeu n’est pas indépendant de la complexité des règles sociales. Il a deux versants :

·        Permet à la jeunesse, qui est contrôlé, de s’exprimer et de se défouler.

·        Représente une menace pou l’autorité locale, central ou féodale et même ecclésiastique.

Il apparaît avec des traits contradictoires, car les fondements de l’autorité au Moyen Age sont ambigus. Il y a des correspondances entre l’organisation des jeux et l’organisation sociale.

La motivation des joueurs était claire. La réalité des temps supposait d’être fort, bagarreur, … Malgré les accidents, il était bien toléré, car il renvoie bien à leur mentalité. Cela paraissait aussi normal de voir quelqu’un mourir au travail qu’en jouant. Toutefois les parties de Soule n’était pas dangereuses, et donc la motivation était de s’amuser. Il permettait aussi de régler certains différents sans pour autant passer par la justice. L’Eglise aussi, comme les instances politiques, a eu es réactions ambiguës. Il ne pouvait pas approuver la mort en jouant et pourtant la développait car ça tombait pendant le carême.

3-3 : LA CROSSE :

C’est proche du golf. Il faut frapper une balle avec un bâton ou la crosse d’un bâton dans le but de la faire rentrer dans un trou ou dans une zone. C’est aussi un jeu très violent, car les joueurs ont le droit de faire des mêlées. Les boules peuvent aussi servir de projectiles, ce qui pose des risques d’accidents, de blessures et de morts. Pour ce jeu l’Eglise a la même attitude que pour la Soule.

3-4 : LE CRICKET :

C’est un jeu destiné à la base aux enfants, mais les adultes pouvaient y jouer, ce qui provoquait là encore des manifestations parfois violentes.

3-5 : LE MAIL ( = UN MAILLET) :

On y jouait à pied ou à cheval. Il était pratiqué par des jeunes adultes, les adolescents et la chevalerie. Le but était de toucher un endroit au sol ou de passer entre des portes selon un certain nombre de coup possible. On jouait avec des boules en bois, les règles étaient variables et on y jouait partout. Ce jeu a également fait preuve d’aménagement selon l’age des joueurs, tels que la distance entre les portes.

3-6 : LA LUTTE :

La lutte n’a pas une importance durant cette période. C’était des jeux du people et le but était de faire l’administration de sa force. L’idée du corps à corps y est très importante. C’est utile en cas de guerre s’il n’avait plus d’armes. Les chevaliers et les rois ne s’affrontaient pas à la lutte (ou rarement). Ces principes sont rencontrés dans les fêtes, où elles servent d’intermédiaire, de distraction. Il est difficile de cerner les règles précises.

3-7 : LA CHASSE A COUR :

La chasse à cour est noble et aristocratique. Elle suppose d’être riche, car elle demande une propriété immense, des chevaux, des chiens, …Ca ressemble de très près à la guerre au niveau notamment de la technique. On y associe aussi l’élevage de faucon. On chasse de tout et c’est donc une activité physique de distinction.

3-8 : TIR A L’ARC ET A L’ARBALETE :

Le tir à l’arc et le tir à l’arbalète sont très répandus. Elles sont à la limite entre la distraction et l’utilité. C’est aussi l’occasion de se mesurer aux autres (développement d’association d’arbalétriers). Elles font appelle à une spécialisation.

3-9 : LA QUINTAINE :

C’est un entraînement chevaleresque, qui permet d’entraîner les jeunes chevaliers. C’est une cible relativement fixe, qu’on doit toucher avec une lance. Il y a organisation de concours, qui se déroule en public et était associé à des comportements comiques (chutes, …). Il y en avait sur l’eau, su glace, …

IV – CHEVALERIE :

C’est une caste très proche des sportifs. Leur éducation physique était au début plus importante que l’intellectuelle. Elle constitue une référence pour Pierre De Coubertin.

4-1 : LES ORIGINES ET LES REPRESENTATIONS :

Il y a derrière les chevaliers toute une symbolique. Il y a un inconscient culturel collectif autours de la chevalerie, de ses usages, de ses normes. Il y a morale, un imaginaire, une culture. L’idée de morale est importante et De Coubertin a essayé de la restituer dans le sport.

Le chevalier est un héros, qui porte une armure brillante et étincelante. Il y a toute une symbolique de justice. Il brandit des bannières, c’est-à-dire le symbole à l’époque de celui qu’il sert. Il possède une lance, qui est le symbole de ce qu’il y a de plus efficace militairement ( = puissance). Donc c’est quelqu’un qui est au service d’un seigneur et qui avec l’épée est au secours des plus faibles.

Mais la réalité est plus complexe. Il n’est pas sur qu’il ait toujours été un des meilleurs prédateurs. La réalité est ambiguë surtout qu’elle n’a pas été toujours d’origine aristocratique. C’est un mot derrière lequel un peu de tout. Elle va surtout être rattachée et être une dissociation de la chevalerie. Ils vont participer à des jeux. Et ces jeux vont aussi se situer par rapport à l’organisation de la société dans laquelle on les trouve.

Le premier auteur à évoquer la chevalerie est TACITE (55 – 120 après J.C). Il remplit des fonctions diplomatiques. Il a écrit des souvenirs sous forme d’anales, où il fait référence à des germains qui vivaient autours d’un chef, non sédentaire et qui entourait le passage d’un état de la vie à un autre état de nombreux rituels (rites de passage). D’où pour lui, c’est l’ensemble des rituels des enfants d’une tribu, qui vont les faire passer des adultes ; Stade auquel, on lui donne des objets, notamment militaires. Ces rituels sont associés à des armes, à l’idée de se battre.

Une fois devenue sédentaire, dans ces peuples, certains guerriers vont devenir des agriculteurs, des intendants. On retrouve cela ai IXème siècle avec la féodalité. La chevalerie vient donc de bien avant la féodalité. Il s’agissait d’hommes libres, qui par un rituel de passage permet de donner un titre de guerrier aux jeunes. Cela va se développer avec la féodalité autours d’un lieu avec un château et des hommes pour protéger. On voit aussi se développer ce modèle pendant la Gaule romaine jusqu’à CLOVIS. Au IIIème siècle, ce modèle est répandu dans tout l’empire romain. Ces cavaliers vont ensuite rencontrer la religion, le christianisme. Il y a une mutation dans les mentalités jusqu’au IXème siècle sous Charlemagne. Les cavaliers sont soumis à une contraction. Ils sont orientés vers les plaisirs de la guerre et ils vont en être aussi limité par la religion chrétienne. Ils doivent prouver leur valeur de guerrier et tombent sous la chrétienté.

Au IXème siècle, les « miles » et la « servitude militaire » apparaissent. Cette idée de fonction militaire se retrouve chez DUMESNILE. Autour de l’an mile, on a des tributs guerrières sédentaires, qui offrent leurs puissances militaires à un seigneur. Et ces hommes d’armes vont créer une nouvelle catégorie sociale : Les chevaliers, qui renvoient à une fonction militaire sociale, sont des combattants professionnels. Ils sont particulièrement efficaces. Ils s’entraînent donc et vont inventer les tournois puis la joute. Ils ont une discipline corporelle, des techniques, … Il se développe l’idée de la rencontre corporelle pour s’entraîner. Ils sont aussi équipés d’un armement particulier. La hiérarchie se fait par rapport à l’habileté à manier les armes. Ils montent à cheval : C’est leur moyen de transport. Le mot « miles » renvoie à ces cavaliers et permet de les distinguer des hommes à pied. Ce mot renvoie également à la hiérarchie. « Militaire » veut dire servir et le cavalier est donc un serviteur. Les chevaliers vont être au service d’un territoire et doivent maintenir la paix. Ils vont de plus être exemptés d’impôts et vont se mettre au service de l’Eglise avec l’idéologie de la paix de Dieu et vont donc se mettre selon l’idéologie chrétienne au service « de la veuve et de l’orphelin ».

La violence, les viols, ..., font par contre tout de même partis de l’histoire de la chevalerie. Mais c’est aussi des hommes, qui vont s’organiser pour ne plus être aux services des seigneurs, mais de l’Eglise. Toutefois, malgré l’idéal de paix, l’Eglise chrétienne a instauré les croisades.

C’est en partie des origines de la morale chevaleresque et c’est ce qui va nous permettre de comprendre comment certains chevaliers sont devenus nobles. Mais ce n’est pas le cas de tous les chevaliers ; Certains sont restés des cerfs. Quand ils deviennent nobles ses qualités deviennent globalement héréditaires (titre de noblesse, dotation de terres, de biens, un patrimoine qui constitue les lignages). Il se met alors en place une caste, car les chevaliers se sont organisés en castes.

Donc au XIème et XIIème siècle, on va voir la cavalerie (aristocrate)s’opposer socialement à la sergenterie (peuple). Ils vont être regroupés derrière les bannières et plus précisément les lances garnies qui voulaient dire que dans une même unité il va y avoir des écuyers, … Les lances se regroupent derrière des suzerains. C’est comme ça que les rois constituent les armées.

Par conséquent, la chevalerie est la rencontre de deux idéaux contraires, à savoir la parole païenne organisée en tributs avec leurs rituels et la chrétienté. De plus la chevalerie va être domestiquée par l’Eglise. Enfin la chevalerie a connu son essor à partir  du XIème siècle, mais les pratiques chevaleresques existaient bien avant le Moyen-Age.

4-2 : PRATIQUES ET COMPORTEMENTS DE LA CHAVALERIE :

4-2-1 : Les tournois :

Les tournois représentent un simulacre de guerre, de bataille (attesté dès 1842). Et ils sont aussi associés à des évènements importants. Ils sont en effet dus à la trêve entre Louis le Germanique et Charles le Chauve. Ils répondent ainsi aux besoins pour les jeunes soldats de s’affronter. Ils ne sont pas non plus indépendants des combats singuliers, des duels entre les individus qui sont en conflit. Il y a donc l’idée de prouver son droit. Au lieu de faire la guerre, on organise un tournoi pour savoir qui a raison. Aussi, autour de ces guerres, pendant les périodes de sièges, les tournois vont également permettre aux soldats de se défouler. Il ne s’agissait pas toutefois de réelles oppositions de guerre. En 1063, G. DE BREUILLY est considéré comme le fondateur des tournois.

Les tournois ont des caractéristiques particulières :

·        L’association des traits de la guerre et des traits du jeu. Cela suppose un entraînement particulier et une théâtralisation.

·        Ils sont associés à une fête, aux rassemblements populaires : Associés à un modèle d’organisation sociale. Par conséquent c’est associé à un modèle d’éducation. L’idéal est de briller les armes à la main avec la préoccupation de gagner quelque chose (récompense).

Ce modèle d’organisation, d’éducation, … ont un succès immense. Rien n’empêchait un chevalier d’aller à un tournoi, quitte à désobéir. Ils n’écoutaient ni l’Eglise ni le roi.

Il existe deux grandes catégories de tournois :

·        Les tournois libres : C’est une sorte d’une reproduction d’une guerre d’un jour. Deux camps sont alors formés pour l’occasion. Il n’y a aucune haine entre les chevaliers, ni de pillage, ou de conquête de territoire. La règle est de commencer la bataille au lever du soleil et de la finir au coucher. Tout le monde participe aux tournois et l’espace est libre (immense). Chaque équipe s’est définit un camp de replie pour le repos. Il n’y a pas d’autre règle qui définisse le tournoi. Tout est permis (même les combats inégaux, pas de limitation du nombre de participants, …). Après le couché du soleil, tous les participants font la fête ensemble et on récompense celui qui est considéré comme le meilleur et on va l’honorer.

Le paradoxe de ces tournois est qu’ils sont parfois plus meurtriers que les guerres. Par exemple, le tournoi de Névès fait 60 morts alors que la bataille n’en a fait que trois.

·        Les tournois réglés : On est au XIVème siècle et, dans ces tournois, on est limité dans l’espace et dans le temps. On va faire venir des juges, des barrières pour séparer ceux qui agissent et ceux qui regardent. Il y a l’utilisation d’armes aménagées mais meurtrières. Les femmes sont acceptées de même que les enfants en tant que spectateurs.

Plus on va vers des tournois réglées et plus les armes vont être rabattues (armes courtoises). On va tenir compte de la hauteur des chevaux, de mesurer leurs formes et on va renforcer la protection des chevaliers. On va également préciser de plus en plus la localisation des coups et les juges vont pénaliser ceux qui trichent. C’est donc un processus de civilisation, qui se caractérise par la diminution de la violence physique Les hommes sont de plus en plus sensible à la violence physique. Et la compétition sportive s’inscrit dans cette perspective.

4-2-2 : Les joutes :

La chevalerie sont au début des cavaliers qui sont essentiels dans les armées, car une partie de l’économie est liée au fer. Le cheval est la cavalerie lourde et ils combattent avec une protection très efficace. Le cavalier est une image redoutable. Mais ça coûte très cher. Il y a derrière une économie dans l’entraînement. Quand ils arrivent sur une bataille, ils sont moins fatigués. Il y a aussi l’idée qu’ils ont mis au point une nouvelle technologie. Ils se sont entraînés physiquement et ont mis au point la technique de passer la lance à l’horizontale quand ils sont au galop. Cela va ensuite se développer ensuite en orient. Ils mettent également au point des astuces pour rendre solidaire le cheval, le cavalier et la lance. Ils s’entraînent d’une façon nouvelle et vont ainsi définir un modèle de combat en tournoi. Il va se développer une éthique d’où vient une idéologie.

L’opposition a été stylisée et c’est très efficace. Ca permet d’être rapide, puissant et de disloquer les lignes ennemies. Les chevaliers vont devenir de véritables professionnelles. Quand on va passer aux joutes, on va passer donc à une forme qui est compatible avec le spectacle :

·        Diminution de la lourdeur des armures.

·        Ils trouvent des astuces pour être plus démonstratifs : Renforcement des parties où la lance risque de rentrer en contact.

·        Autorisation de s’aider dans l’inclinaison de la lance, mais tout ce qui accroît la perforation de la lance va être interdit.

·        Apparition de hauberts et de casques légers. Les protections contre les haches et les flèches disparaissent aussi. Au final, l’équipement ne pèse plus que 10 à 15 kg.

On passe d’un modèle d’efficacité guerrier à un modèle stylisé.

C’est avec ce type de tournois que va se développer l’idéologie du chevalier : On devient chevalier pour les exploits réalisés. C’est l’idée qui va faire que c’est un devoir de combattre le mal (vision mystique). C’est aussi une vision concrète à valeur sociale et morale. Un cavalier est jugé pour ce qu’il fait. De plus la chevalerie reste aussi une fête pour ceux qui vont être récompensés et une fête pour le peuple.

Durant les tournois, les chevaliers choisissaient de combattre à plaisance (armes rebattues) ou à outrance (armes normales : Volonté de montrer sa puissance et de tuer). Ils ont même pu décider de défier pendant les guerres un adversaire en particulier. C’est comme ça que c’est développer la notion de « pas d’armes ».

Tous les faits d’armes sont observer, et plus ils ont de succès et plus ils sont récompensés. Petit à petit ils vont se battre pour l’honneur. Ces joutes et ces « pas d’armes » vont être le modèle qui va permettre la glorification des chevaliers. C’est un modèle réduit qui nécessite des règles, des juges, des hérauts. Les héros vont mémoriser les exploits des chevaliers. Ils reconnaissent son écusson, … Des hommes se spécialisent dans cela. Il y a donc une glorification des chevaliers gagnants. On note donc la possibilité de reconnaître les modèles des compétitions sportives. Le sport dérive de la guerre. Il y a une normalisation et une pacification du duel singulier. On voit au cours des joutes se développer les règles (à mesure sue l’on passe de la guerre aux joutes). On a donc alors besoin d’arbitres.

On a aussi le modèle de l’information. Dans les joutes, les spectateurs sont informés des résultats et de qui sont les participants. Il apparaît, dans les « pas d’armes », des officiers d’armes qui vérifient la qualité des armures. Autour du chevalier, on a un ensemble de personnels qui sont à son service.

4-2-3 : L’aristocratie de la chevalerie :

Au début, les chevaliers devaient leur rang grâce à leur vaillance, leur valeur au combat, … C’est l’idée qu’on a affaire à des surhommes. Ceci est vrai jusqu’au XIIème et XIIIème siècle. A partir du XIVème siècle, ces idées ne s’observent plus. Le mérite, la fortune, le rang social des chevaliers ne vient plus de la performance. Il s’agit de noble, d’aristocrates et sont tous chaperonnés par des princes ou des rois. On ne peut plus devenir chevalier par ces simples prouesses. Il faut prouver qu’on est d’origine aristocrate et pour cela il faut avoir au moins 4 parents nobles dans sa lignée. La chevalerie va donc être de plus en plus réservée à des gens qui rentrent dans un ordre. Il faut des passes droits pour devenir chevalier. Il faut être adouber, ce qui demande de l’argent. Et plus on avance et plus on voit que les primes accordées sont de moins en moins grandes. Et plus on va loin et plus les combats sont édulcorés. La chevalerie se constitue comme un ordre élitiste qui se ferme sur lui-même. Un ordre d’aristocrate qui se recentre sur ces propres valeurs. Mais malgré cet enfermement, ses valeurs en sont sorties et sont répandues. Il se met en place la CURIALISATION des chevaliers qui deviennent des instruments du pouvoir, mais aussi un ethos de classe, c’est-à-dire une instrumentalisation de la chevalerie. Il y a donc une séparation entre ceux qui possèdent les attributs et ceux qui ne les ont pas.

On retrouve cette distinction au XIXème siècle dans le sport. C’est un phénomène de distinction sociale et les activités corporelles en sont le reflet. De plus avec la curialisation, ce phénomène est accéléré et accentué. L’entraînement va ainsi changer de forme. Il va y avoir une modification technique. Le but ne va plus être d’être efficace, mais d’être élégant.

4-3 : MORALE ET RITUELS CHEVALERESQUES :

4-3-1 : La morale :

La morale découle des rituels dont le plus connu est l’adoubement. La chevalerie repose ainsi sur des pratiques initiatiques. L’age joue donc un rôle important. Jusqu’à 7 ans, l’éducation se fait par rapport au puîné (l’aîné) et grâce au maniement de l’épée, du bâton, … L’enfant apprend très tôt l’équitation. On lui apprend aussi comme jeu la chasse aux faucons pour les aristocrates. On voit aussi apparaître, dans l’éducation, les écuyers, qui sont chargés de la tenu des chevaliers. Il a été aussi le titre que porte tous les jeunes avant de devenir chevalier. On rencontre aussi les damoiseaux, qui sont des hommes, qui doivent accompagner l’éducation des jeunes nobles. Ils sont aussi nobles. Ce mot va désigner tous les nobles qui se désignent à être chevalier. On les distingue des valets qui ne deviendront pas chevalier.

Ils reçoivent une éducation physique et mondaine importante. Cela ce fait dans la cour de la résidence et peut être très dangereux. Ecuyers et damoiseaux doivent suivrent le chevalier qu’ils servent, de lui porter ses armes, … C’est pendant qu’ils servent que l’évaluation se fait. D’où l’adoubement suppose que l’on est déjà fait ses preuves sur le terrain. La fin de cet apprentissage se fait entre 12 et 20 ans : On peut devenir chevalier plutôt.

L’adoubement est une cérémonie laïque et elle consiste à remettre des armes (épée, lance, …). A cette panoplie correspond une idée : « soit loyal et sans peur ». On va associer aux paroles des gestes : La caulée ou la paumée. Ceci s’explique par :

·        Ca renvoie à une sorte de fonction mnésique : Se souvenir du jour présent.

·        Peut être une euphémisation d’une forme d’allégeance, qui était plus violente avant (échange de sang) : Symbolisation.

·        Signifie de passer d’un état à un autre. Ce rite signifie aussi qu’on a plus la même mentalité.

·        Signification de l’épreuve physique : Il vérifie si on tient debout.

Elles constituent donc un rituel social important et qui a perduré avec par exemple l’accolade : C’est un signe de prestige social.

Il y a aussi des usages qui vont avec l’adoubement et qui ont perdurée :

·        La poignée de main : Pas d’armes dans la main.

·        Soulever son chapeau : cela fait symboliquement référence au fait que les chevaliers soulevaient leur casque pour se faire reconnaître.

Petit à petit, l’Eglise va entrer dans ces cérémonies. Les adoubements vont de plus en plus être organisés avec la liturgie.

4-3-2 : Le code chevaleresque :

L’établissement du code n’est pas indépendant de la perception des actes de barbarie de la chevalerie pendant des siècles.

L’Eglise essaie de transformer ces forces brutales en un instrument au service de l’Eglise. Les faits d’arme de la chevalerie vont passer de la barbarie à la domestication. Le code obéit à plusieurs règles :

·        La prouesse : Elle a deux aspects :

-                    La vaillance : C’est la valeur militaire, la préparation au combat, l’entraînement. La vaillance va souvent être en contradiction avec la loyauté.

-                    La loyauté : Il faut se tenir au serment qu’on a fait. L’Eglise va transformer cette loyauté envers la foi. La loyauté s’est d’abord mesurer à l’haume des tournois réglés.

·        La largesse : Elle consiste à exprimer un certain mépris envers le profit et l’argent. Le chevalier est en effet improductif. Le problème est donc que, par son comportement, le chevalier refuse l’appartenance à la bourgeoisie, qui se constitue comme la base inverse (accumulation de capitaux). Il est considéré comme généreux, insouciant, gaspilleur et dont l’argent passe dans les rituels festifs. Il passe aussi pour un joyeux destructeur de richesse. La chevalerie va passer pour avoir une proportion nocive au gaspillage. Aussi plus on est haut placé et plus on doit être désintéressé de l’argent.

·        La courtoisie : C’est d’abord un comportement qui est attaché au fait d’être un serviteur. Le comportement était donc réglé. Elle viendrait d’un transfert de la notion de service. Cette courtoisie va être appliquée aux femmes. C’est d’abord le symbole de la dame élue : Symbole d’attachement à la dame. C’est le respect d’allégeance. La courtoisie envers la dame se fait d’abord par la vaillance. Il faut ensuite l’éblouir par la largesse et on la retient par sa loyauté. La largesse, la prouesse et la courtoisie sont un modèle de rapport entre ceux qui sont forts et ceux qui dirigent, c’est-à-dire autant l’Eglise que le roi.

La courtoisie va être un système de modération de la rudesse du chevalier. L’éthique chevaleresque correspond à cet ensemble de règles codifiées sans le respect desquelles le chevalier perd son honneur.

Le respect du code est à l’origine de la conscience aristocratique du XIVème siècle. Il s’agit de l’institutionnalisation de « clubs ». L’institutionnalisation des ordres de la chevalerie sont des clubs fermés, dans lesquels, pour y entrer, il faut des titres, passer des serments, où on peut avoir des récompenses et où on est un exemple de vertu et de loyauté. De plus seule une autorité suprême a le droit de rompre cette règle.

DE COURBERTAIN a exactement pris ce modèle, quand il a milité pour le retour des Jeux Olympiques. Il a construit le modèle sportif sur le modèle chevaleresque.

Tout ceci a amené à l’adoucissement des mœurs. L’humanité va de plus en plus réglementer les relations physiques entre les hommes. La société va de moins en moins acceptée de voir la violence. La civilisation humaine fait donc des progrès, car elle est de moins en moins barbare. Mais l’adoucissement des mœurs ne se fait pas mécaniquement.