LA GYMNASTIQUE FRANCAISE

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Fransisco AMOROS y ondene 1769-1848

 

            1 AMOROS

 

                      1 1 Eléments biographiques

 

          AMOROS est né à Valence. En 1792, cet officier de carrière (lieutenant) s’intéresse à la préparation physique des militaires. Il met au point un type de gymnastique soumis aux influences du siècle des Lumières et des pédagogues : ROUSSEAU et PESTALOZZI, pour l’enseigner aux jeunes recrues. Il fait preuve d’initiative. En 1806, AMOROS a 37 ans, LING 30 ans, JAHN 28 ans et CLIAS 24 ans. En 1807, il applique ses conceptions à l’Institut Pestalozzien de Madrid, à la demande du roi CHARLES IV. Il introduit le rythme dans la gymnastique (introduction de la musique). Il devient le conseiller du roi Joseph-BONAPARTE, pendant la guerre d’Espagne. Il est pronapoléonien (pro Français). En 1813, à la suite de la défaite de Victoria et la débâcle napoléonienne, il doit quitter l’Espagne.

 

                           1 2 AMOROS en France

 

          En France, AMOROS enseigne la gymnastique dans un gymnase de rue d’Orléans à Paris, puis l’escrime et la gymnastique à l’Institut Dourdon. Il reçoit les soutiens du Duc de RICHELIEU, de ROYER-COLLARD et du Maréchal GOUVION ST CYR, ministre de la guerre. Ce dernier est favorable à l’enseignement de la gymnastique aux soldats. En 1819, AMOROS enseigne la gymnastique au Gymnase Normal Militaire à Grenelle. Il travaille en collaboration avec le Dr BEGIN, le Chirurgien VERDIER et le Physiologiste BROUSSAIS. Il travaille avec des militaires et des civils, qui seront annexés en 1820 aux structures militaires. Les médecins vont mettre au point des fiches qui montrent les évolutions morphologiques, physiologiques et physiques des gymnastes. En 1827, il publie De la gymnastique considérée comme moyen thérapeutique et hygiénique. En 1824, LOUIS XVIII meurt et CHARLES X prend le pouvoir. De 1824 à 1829, AMOROS est protégé par le roi. Il obtient d’importantes subventions pour faire fonctionner son gymnase, qui lui permettent de mettre en place ses nombreux aménagements. En 1830, il publie Manuel d’éducation physique, de gymnastique et de moral, en 2 tomes et est primé en 1835. En 1837, son gymnase est fermé.

 

                           1 3 Conceptions

 

          AMOROS met en place des conceptions transversales (que l’on retrouvent chez d’autres). Tous les auteurs, même s’ils ne veulent pas fortifier les corps, n’utilisent pas forcément les même méthodes et orientations. Il y a un endurcissement corporel. AMOROS considère que sa gymnastique est un moyen de favoriser la débrouillardise chez les jeunes. Il se réfère à de nombreux auteurs, notamment aux Anciens qui se sont intéressés à la gymnastique (Antiquité). Il prend des modèles partout. Il associe à cela la notion d’utilité. Il donne à sa gymnastique une mission de mise en contact avec des activités périlleuses et héroïques « afin de recueillir un jour du bonheur et de la gloire ». Il met l’accent sur ces pratiques sans donner de conseils pédagogiques. Il ne cite jamais ses sources : il fait une synthèse sans définir à qui appartient telle idée. Il propose une gymnastique où le tour d’agilité est privilégié à l’éducation. Ce type de gymnastique correspond à la formation des soldats, des artistes de cirque. Il s’agit d’une gymnastique qui fait prendre des risques. L’ensemble des exercices est intégré dans une définition générale de la gymnastique : « la “gymnastique” est la science raisonnée de nos mouvements, de leurs rapports avec nos sens, notre intelligence, nos sentiments, nos mœurs et le développement de toutes nos facultés. La “gymnastique” embrasse la pratique de tous les exercices qui tendent à rendre l’homme plus courageux, plus intrépide, plus sensible, plus fort, plus industrieux, plus adroit, plus véloce, plus souple et plus agile, et qui nous dispose à résister à toutes les intempéries des saisons, a toutes les variations des climats, à supporter toutes les privations et les contrariétés de la vie, à vaincre toutes les difficultés, à triompher de tous les dangers et de tous les obstacles, à rendre enfin des services signalés à l’Etat et à l’humanité ».

 

Nos mouvements sont une référence importante au caractère extensif (typologie du mouvement). Il n’y a pas beaucoup de perspectives anciennes qui rattachent l’intelligence aux mouvements. Un problème apparaît alors l’intelligence n’est-elle pas privilégiée par rapport aux mouvements ? N’y a t-il pas une hiérarchisation entre les capacités humaines ? La gymnastique est associée à un service rendu à l’Etat. Elle n’est pas indépendante à la notion de nationalisme. Elle se situe dans la perspective philanthropique.

 

                           1 4 Méthodes et exercices

 

          AMOROS essaye d’organiser sa gymnastique de façon qu’elle soit accessible à tous. Elle est fondée sur une mise en situation des élèves qui se fait sur la base d’une progression qui nécessite de très nombreux appareillage, venant des gymnastiques suédoise, allemande et de GUTSMUTHS. Il invente de nombreux nouveaux appareils en collaboration avec les docteurs avec qui il travaille. Il propose des parcours, où les élèves doivent manipuler des objets. Il fait appel à des exercices individuels et collectifs (situation d’assauts, identique à ceux des soldats sur les champs de bataille). Il divise sa gymnastique en fonction de ses buts et de ses types d’exercices :

·   Exercices élémentaires :

-         Avec de la musique, les élèves doivent chanter en se déplaçant. Il y a un développement de la voie et de la cage thoracique. Les exercices peuvent être réalisés avec une barre de fer de 3 à 10 Kg.

-         La marche ou la course avec obstacles permet la prise d’appuis, l’apprentissage de postures.

-         Sauts par rapport à des obstacles (franchissement, contre-bas, à l’aide d’une perche).

-         Exercices d’équilibre sur une poutre.

 

·   Exercices complexes :

-         Exercices de franchissement de barrières avec ou sans charge.

-         Lancers d’objets (de tous poids et de tous volumes).

-         Exercices de tir.

-         L’escrime pédestre et équestre.

-         La voltige à cheval.

-         La pratique des danses.

 

 

La gymnastique proposée s’arrête où le funambulisme commence. La gymnastique n’est pas un exercice de foire. Il divise sa gymnastique en gymnastique civile et industrielle (à toutes les professions), gymnastique militaire, médicale (hygiénique, thérapeutique, orthopédique), sénique et “funambulique” (funambulesque). Sa gymnastique est inventive. Il est probable qu’il se soit inspiré de CLIAS, dont il aurait stoppé le développement des idées.

 

                         1 5 Evolution

 

          L’évolution se fait grâce à la création d’écoles comme celle de Joinville dans le Bois de Vincennes, ou de plancher (sorte de salle de remise en forme), où les gymnastes étaient principalement des entrepreneurs (d’où l’appellation entrepreneur de gymnastique). La gymnastique connaît un grand développement à Paris.

 

               2 CLIAS.P-H (1792-1854)

 

          CLIAS est d’origine suisse. Il s’intéresse à l’éducation corporelle des jeunes de son environnement, notamment ceux qui se destinent à l’armée. Il propose des exercices pour l’armée. Son intérêt se fait face à une observation : selon le milieu social il n’y a pas la même éducation corporelle. Il a une influence importante dans l’Académie de Besançon. CLIAS n’a pas eu l’audience nationale qu’il méritait car celui qui impose ses idées est AMOROS.

 

 

            En 1819, CLIAS publie un Traité élémentaire de gymnastique rationnelle, hygiénique et orthopédique. La gymnastique doit être une préparation aux tâches de la vie, à la vie adulte et aux risques de la vie quotidienne. Il s’intéresse à la façon dont les jeunes enfants sont plus ou moins adaptés à la vie sociale urbaine. Il essaye de montrer que la gymnastique s’appuie sur les préceptes généraux de la nature. La gymnastique est fondée sur une sorte de naturalisme : il prend comme exemple les animaux qui ont des comportements visant l’utilité. Sa gymnastique est donc utilitaire. Il conseille que l’on commence la gymnastique dès le plus jeune âge. Les très jeunes enfants doivent apprendre à se servir de leur corps. Ces mouvements naturels vont permettre des mouvements plus complexes, plus dynamiques. La notion de dynamique motricité naturelle est le fond de sa gymnastique.

 

 

            Il s’agit d’une gymnastique naturelle dans le sens où les exercices proposés visent à adapter l’homme à toutes les éventualités. On apprend à coordonner nos mouvements face à tous les évènements. Cette gymnastique se compose de 3 parties :

·   Gymnastique élémentaire vise à développer la force et l’agilité des enfants âgés de 6 à 9 ans.

·   Gymnastique “utile” est constituée d’exercices d’apprentissage des réactions dites utiles (sauter, lancer, courir, …).

·   Les exercices complexes qui visent une recherche d’harmonie chez les adultes. L’harmonie fait appel à l’association des facultés psychologique et physique.

 

L’utilité permet aux individus de s’intégrer à la société. La gymnastique vise à intégrer la société.

 

            CLIAS a apporté des choses nouvelles notamment en proposant une classification des exercices (selon les membres inférieurs et supérieurs). Il y a un travail d’organisation de la motricité qui est proposée. Il y ajoute des conseils sur des activités globales (ex : saut en hauteur). Les conceptions de CLIAS sont plus claires, plus nettes que celles d’AMOROS. On comprend l’intérêt de proposer la gymnastique dans les écoles, notamment avec sa classification en mouvements simples, complexes et de coordination. Il fit une chose analogue à LING ; il semble que ce principe de classification soit un principe de l’époque. CLIAS a une faible influence en France, uniquement à Besançon. Une partie de ses idées se retrouve chez AMOROS. Il est employé en Angleterre, où il passe la fin de sa carrière au service de la gymnastique militaire de l’armée britannique.

 

               3 TRIAT.A (1813-1881)

 

          TRIAT est élevé par des forains, jusqu’à 6 ans, dans un monde de spectacle où l’on prône un art de l’habilité physique. Il se spécialise dans les exercices de banquettes et fait des activités de démonstration. Il s’oriente vers le métier d’athlète. Il étudie à Burgos, après cela il voyage dans toute l’Europe pour des démonstrations et rendre compte de ce qui se passe dans les autres pays d’Europe. Il a une réputation d’exhibitionnisme, “Hercule des arènes”. Il enseigne les techniques pour soulever des charges et l’art de la force en Belgique. Il associe à sa plastique corporelle des numéros proches de ceux du cirque : les numéros de pose plastique. Il est à l’origine indirecte d’un certain nombre de salles à Paris.

 

            En 1847, il donne des leçons dans un gymnase de l’avenue Montaigne à Paris. Il enseigne la gymnastique en musique, au son du tambour, en se déguisant (en chevalier de LOUIS XIV). Le gymnase devient un lieu de culte dédié à la force et à l’exercice corporel. Il suggère la pratique avec des charges additionnelles. Il s’agit d’une gymnastique empirique et peu pédagogique. On pratique les bains, les douches associés à un critère simple : la transpiration. Il y a un développement de la gymnastique qui devient un véritable culte du corps : ce sont les préludes du culturisme. Aidé par DALLY, il devient le chef de file de la gymnastique hors de l’école. Dans son gymnase viennent des célébrités comme G.DEMENY (père de la gymnastique scientifique).

 

            La gymnastique prolonge le spectacle du cirque, par certains mouvements. Il y a un développement du commerce autour de la gymnastique. Les gymnasiarques sont ceux qui pratiquent la “gymnastique de plancher”. Les gymnasiarques visent à régénérer l’homme. Cette gymnastique est associée à la notion de plaisir qui s’oppose à ce qui se fait à l’école. TRIAT apparaît comme un précurseur d’une gymnastique hygiénique, empiriquement physiologique.

 

 

Il avait pour projet un grand centre de gymnastique à Billancourt sur lequel il y a d’écrit : « pour la régénération de l’homme ». Il a donc essayé d’adapter sa gymnastique aux caractéristiques de son temps, mais il ne laisse pas d’écrits exceptés ceux écrits avec DALLY. Il fait connaître SANDOW (la sandove : appareil de musculation) et E.DEMONES (père du culturisme). Ces gymnastiques vont contribuer malgré les aspects commerciaux à donner le goût de la gymnastique et permettre la création de gymnases. Elles contribuent à la formation de la gymnastique française.

 

 

               4 L’ECOLE DE JOINVILLE

 

          L’école de Joinville est la suite de la méthode d’AMOROS. On adapte la gymnastique à la psychologie française. On essaye de ne pas confondre la gymnastique avec le spectacle et l’acrobatie. L’idée est de proposer un contenu gymnique qui puisse être adapté aux écoliers. L’Ecole Normal de Joinville est le prolongement du Gymnase Normal Civil et Militaire d’AMOROS qui ferme en 1837. En 1838, le Général ROCHERET préside une commission, mise en place par le ministère de la guerre, pour la rédaction d’un règlement de gymnastique destiné à l’armée, mais celui-ci ne fut jamais publié. En 1846, Napoléon LAISNE ouvre des gymnases à Paris (à Vincennes au 2nd bataillon de chasseurs à pied, à l’Institut des aveugles boulevard des Invalides et rue du Maine). En 1845, SALVANDY, ministre de l’Instruction Publique, constitue une commission pour étudier la question de l’enseignement de la gymnastique dans les collèges et les lycées. De cette commission, il ressort un manque de matériels et d’enseignants : il n’y a pas de “maître” pour enseigner. LAISNE ouvre un gymnase à Polytechnique (école militaire).

 

 

            En 1846, TRIAT ouvre son gymnase et AMOROS participe à l’inauguration. Le Général AUPICK préside une commission dont font partie AMOROS, D’ARGY et LAISNE, pour la rédaction d’un règlement de gymnastique. Ces Instructions pour l’enseignement de la gymnastique de la gymnastique dans les corps de troupes et les établissements militaires sont publiées en 1848. Elles précisent les règles générales et les divisions de l’enseignement. Cette domination souligne que la gymnastique provoque des attitudes particulières par rapport à la gymnastique. On peut supposer que la gymnastique peut nuire à l’armée (et à l’école) : « l’attitude du soldat ne sera pas jugée militairement pendant les séances de gymnastique qui provoquent les “éclats de gaîté et les élans de plaisirs” ».

 

 

La gymnastique est aux antipodes de l’école. Elle propose des exercices élémentaires, analytiques de souplesse et de développement musculaire, des chants amorosiens, ou encore des exercices d’application (course, sauts, lancers, grimper, les barres parallèles, le trapèze, le cheval). Elle fait une synthèse de toutes les gymnastiques. En 1849, il y a un projet de formation des enseignants et de création d’une Ecole Normale de Gymnastique Militaire à Fontainebleau (abandon). En 1850, la gymnastique est facultative dans les écoles primaires. Elle devient obligatoire dans les lycées avec la loi de FORTULE en 1854.

 

 

 

            Le 2 décembre 1851, Louis Napoléon BONAPARTE (neveu du premier) réalise un coup d’Etat et devient le second empereur français. Le 15 juillet 1852, en remerciement du soutien de l’armée lors de son coup d’Etat, il crée la première école de gymnastique militaire à Joinville. Elle s’installe à la Redoute de la Faisanderie. Les militaires sont ceux qui ont fait le plus dans le développement de la gymnastique et l’éducation physique à cette époque. Le premier commandant de l’école est L.D’ARGY (de1852 à 1856). Il est un ancien élève et secrétaire d’AMOROS. Il prend comme collaborateur N.LAISNE (un ancien sous-officier du génie et élève d’AMOROS). L’Ecole de Joinville est sous une influence amorosienne qui s’adapte aux évolutions. L’école est militaire bien qu’ayant incorporée des éléments externes. La première promotion est composée de 20 officiers et 114 hommes de troupe.

 

 

            Le commandant D’ARGY essaye d’adopter une orientation proche de la réalité du moment et rédige un Livret à l’usage des instructeurs du règlement, qui propose une organisation nouvelle sans appareils. Le Maréchal ST ARNAUD obtient des crédits pour une dotation en matériel de l’école de Joinville. En 1855, avec le matériel, de nouvelles instructions apparaissent, dans lesquelles il y a un classement des exercices physiques sous la forme d’une leçon complète de gymnastique destinée à instruire les instructeurs qui formeront les professeurs d’éducation physique. Ce sont des instructions qui servent de référence pendant 50 ans. Malgré un certain conservationnisme, il y a un développement de la gymnastique, car les militaires sont soucieux de garder leurs prérogatives. Pendant 50 ans l’Ecole de Joinville est peu sensible aux modifications étrangères bien qu’en étant informée. Certains théoriciens étrangers viennent à Joinville pour se tenir informer des évolutions suivies par celle-ci. En 1860, il y a un développement des sociétés de gymnastique qui accueillent les moniteurs de Joinville. Elles proposent des pratiques polyvalentes, avant de se spécialiser dans la gymnastique aux agrès. En 1866, sous DURUY, il y a une commission de mise en place. Celle-ci dirigée par E.PAZ et le Docteur HILLAIRET, a pour objectif de faire le point de la gymnastique française par rapport aux autres pays européens. Leur rapport indique un grand retard de la gymnastique française. En 1867, l’Ecole de Joinville s’étend au plateau de Gravelle. En 1869, la gymnastique devient obligatoire dans les collèges et les Ecoles Normales Primaires. Un brevet de maître est crée : le Certificat d’Aptitude à l’Enseignement de la Gymnastique (CAEG). Il est passé sans formation. Le modèle est essentiellement basé sur la pratique physique mais également la culture générale. Les militaires sont très avantagés mais le certificat reste ouvert à tous grâce à la culture générale.

 

            Entre 1870 et 1871, NAPOLEON III est défait à Sedan par les armées prussiennes et capitule. A Paris, une révolte se produit. La République de Paris puis la Commune de Paris (du 18 mars au 27 mai 1871) sont prononcées. La Commune de Paris fait suite à l’encerclement de Paris et à la fermeture de l’Ecole de Joinville. Un mouvement révolutionnaire se produit et sème incendies et pillages à Paris. Les insurrectionnels s’en prennent aux autorités et à Monseigneur DARBOY, archevêque de Paris. La répression est brutale : il y a de nombreux fusillés et déportés. La Commune de Paris marquera énormément P.De COUBERTIN. Il proposera aux jeunes combattants aristocrates et bourgeois de faire du sport plutôt que la guerre en se basant sur les Public Schools anglaises (écoles privées d’Angleterre). Le Général CHANZY dit de l’école en 1882 : « faites-nous des hommes, nous en ferons des soldats ». A partir des évènements de la Commune de Paris, le système prussien est analysé. On estime que sa supériorité est due à une pratique du sport dès le plus jeune âge à l’école. Les médecins et pédagogues demandent l’application des lois sur la gymnastique scolaire.

 

            En 1902, le scientifique G.DEMENY collabore avec l’école de Joinville. Son rôle est déterminant, il modifie la conception de l’enseignement à l’école de Joinville. La gymnastique s’oriente de sorte qu’elle soit destinée également aux civils. Il représente le courant scientifique et positiviste de la gymnastique. En 1906, il quitte l’école de Joinville. Il y a alors passage d’une conception amorosienne à une conception suédoise. Il lutte contre l’empirisme et pour une conception plus scientifique de la gymnastique. Il existe un seul et unique diplôme pour enseigner la gymnastique : le Certificat d’Aptitude à l’Enseignement de la Gymnastique. Il existe différents types de candidats : pompiers de Paris, militaires (caporales), gymnastes externes. La formation des professeurs de gymnastique n’est pas conçue comme celle des autres disciplines :

·   Enseignement primaire, instituteurs : Ecoles Normales (1810).

·   Enseignement secondaire, professeurs : cursus universitaire (minimum licence).

 

L’école de Joinville a pour objectif la formation des cadres militaires et non civils.

 

            En 1914, l’école de Joinville porte le nom d’Ecole Supérieure d’Education Physique de Joinville. Ses objectifs sont fixés par directives ministérielles :

·   Pour militer l’apprentissage de la gymnastique.

·   Pour former des moniteurs et instructeurs d’éducation physique militaire.

·   Pour former des maîtres d’arme (professeur d’escrime).

·   Pour étudier les perfectionnements apportés aux méthodes d’éducation physique et d’escrime.

 

Jusqu’en 1930, l’école de Joinville est la seule école qui s’intéresse aux développements de la pratique physique. C’est à partir de l’école de Joinville qu’est basée toute la gymnastique française. Le rôle de l’école de Joinville ne se limite pas aux soldats. Il s’étend en enseignant aux enfants de militaires. Progressivement elle intègre une éducation physique de tous les jeunes de casernes et des lycées militaires (développement de la pédagogie civile).

 

            De 1852 à 1930, à l’école de Joinville :

·   Règlements à l’origine de la formation des maîtres de la gymnastique civile.

·   Formation des enseignants d’éducation physique.

·   Elle inspire la quasi-totalité des pères fondateurs de l’éducation physique française.

·   Il s’agit du premier lieu équipé d’un laboratoire pour développer la recherche en gymnastique et en éducation physique. Par rapport à cela, elle est chargée de former et de faire passer aux instituteurs le degré supérieur du CAEG.

·   Rôle important dans la construction d’établissement physique (INSEP).

·   Rôle important dans l’éducation physique médicale et la réadaptation par le sport (mise au point de programme de rééducation motrice à la suite de la 1ère Guerre Mondiale).

·   Le Ministère de l’éducation nationale décide en 1930 de créer la 1ère Ecole Normale d’Education Physique civile de Paris (rue Lacretelle dans les locaux occupés par l’UFR STAPS de Paris V) qui concurrence l’école de Joinville. Cette dernière présentant qu’il fallait se transformer pour accueillir d’autres élèves, change de nom et devient l’Ecole Normale d’Education Physique et d’Escrime en 1920. A la fin de la 1ère Guerre Mondiale, l’école de Joinville met au point une méthode française d’éducation physique adoptée par les Ministères de la Guerre et de l’éducation. Le manuel est le prélude de la méthode française d’éducation physique.

·   En 1927, les règlements provisoires deviennent le “Règlement Général de l’éducation physique”. Ce règlement précise tous les principes et procédés pour tous les âges et sexes.

·   En 1929, les militaires avancent l’idée qu’ils sont à l’origine de l’éducation physique en France. L’éducation physique de l’école de Joinville contient 2 parties :

-         Elle relève du plan général de l’éducation physique et s’adresse aux éducateurs. Elle n’a aucun caractère militaire.

-         Elle concerne l’entraînement physique destiné à l’armée. Dans un premier temps l’éducation physique est générale, puis concerne tout ce qui est militaire (marche au pas, sports de combat à main nue, …).

 

L’école de Joinville fut le seul établissement à s’intéresser à un problème qui concerne toute la population. Ces militaires ont eu un tel contrôle de l’éducation physique et de la gymnastique, que pour les étrangers jusqu’en 1930, la France était le dernier bastion de la gymnastique militaire.

 

Les directeurs de l’école de Joinville :

 

Les Commandants d’ARGY (1852-1856), ROUSTAN, COSTE (1902-1906), qui met en place la méthode suédoise.

Du 2 août 1911 au 7 mai 1916, l’école est interrompue dans son fonctionnement classique.

Le Commandant LABROSSE (1916-1919), le Lieutenant-Colonel SEE (1919-1921) et le Colonel BONVELO (1921-1930).